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CFDT CORTAL CONSORS
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17 février 2009

Hold-up

Cause ou symptôme de la crise ? La question des rémunérations dans les banques est au cœur du débat médiatique depuis des mois. Et de découvrir ce dont la CFDT parle depuis longtemps : l’opacité des modes d’attribution de la rémunération variable, l’énormité des bonus dans certains métiers, l’indécence des dirigeants s’auto-augmentant sans vergogne…

Cette question a été centrale dans le déclenchement des crises, de l’affaire Kerviel à celle des « subprimes ». C’est l’appât du gain qui a poussé un trader peu scrupuleux à détourner les procédures de sécurité de la banque pour « jouer » et tenter de remporter de gros bonus. Une loterie un brin truquée, puisque qu’à ce petit jeu-là, il ne risquait jamais de perdre… le trader ne rend jamais l’argent perdu.

C’est le monde de l’argent facile et de la spéculation qui a pudiquement fermé les yeux de la chaîne de contrôle de la banque sur les dépassements ordinaires des encours joués, cloué le bec des back-offices, ébloui les États-majors. C’est l’attrait du commissionnement qui a poussé les organismes financiers américains à endetter les particuliers les plus pauvres, les agences de notations et les banques à disséminer la patate chaude dans le monde entier, les banques d’investissement à pousser jusqu’au délire les techniques de LBO… 

Le salarié de la banque, lui, regarde incrédule sa fiche de paie. Il n’est pas forcément diplômé de polytechnique mais il fait tout de même de savants calculs. Pour évaluer le montant de son solde à la banque une fois qu’il aura payé loyer, charges, carte orange et autre cantine des enfants. Le salarié de la banque, lui, ne va plus sur internet consulter son épargne salariale. Il évite de se souvenir des projets partis dans la fumée de son portefeuille d’actions de la banque, dont 60% à 90% est désormais en cendres.

Du quasi-smicard au multimillionnaire, voici la réalité de ce que l’on appelle pudiquement « l’échelle des rémunérations » dans la banque. L’échelle ? Ou l’ascendeur, qui n’a rien de social, menant au dernier étage de la tour Société Générale à La Défense ? C’est donc à la fois un enjeu de gouvernance des entreprises – cesser de favoriser l’endettement et la spéculation, d’éthique – cesser de payer ceux qui mettent en péril les entreprises, et de justice sociale – donner à chacun les moyens de vivre dignement de son travail, qui est au cœur de la question des rémunérations. 

C’est pourquoi la CFDT Banques a réclamé au gouvernement une table ronde pour aborder cette question. La négociation avec les employeurs ne peut en effet à elle seule régler le problème, qui est aussi un problème de régulation économique et sociale. Nous devons aussi agir via notre organisation syndicale internationale UNI finances pour faire avancer le dialogue social européen sur le sujet, et faire cesser le hold-up des banques par leurs dirigeants. 

Texte de Véronique Descacq , secrétaire générale de la Fédération CFDT des Banques

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